Sempé

Publié le par Entrefilets

 

799745Merveilleux Sempé.

 

Fidèle à son sens inné de la discrétion, Sempé s’expose gratuitement à l’Hôtel de Ville de Paris jusqu’au 11 février 2012.

Ce n’est pas la première fois mais il s’agit, cette fois-ci, d’une rétrospective proposant au visiteur de parcourir l’ensemble de l’oeuvre du dessinateur humoriste.

La mise en place de l’exposition, simple mais très bien faite, permet - en dehors des heures d’affluence - une bonne approche des nombreux dessins exposés qu’il faut regarder sans se presser pour en bien profiter. 

Plaisir garanti !

C’est que regarder un dessin de Sempé c’est se retrouver chez soi et entre soi. Au milieu de ses dessins on se sent en famille. Là et là, c’est vous, c’est lui, c’est moi, c’est nous tels que nous sommes derrière nos masques, avec nos failles, nos faiblesses, nos mélancolies et nos bonheurs simples.

 

Et puis il y a le monde et surtout la ville - bien qu’il y ait aussi des arbres, des plages de sable fin, la mer et la campagne. Un monde fondamentalement humain qui, s’il n’est pas toujours aménagé par et pour l’homme ne lui est jamais «inapproprié». 

 

Dans ce monde, que Sempé dessine comme par en dessous ou de très loin, nous sommes toujours là, invisibles parfois mais jamais cachés ; tout petits sans doute mais pas en situation de faiblesse et, à notre manière, contents d’être là, à l’image de cet homme au sourire discret qui, en nous regardant du haut d’un balcon hausmanien, donne sens aux perspectives architecturales que trace Sempé d’un crayon sûr.

 

Regardez-le. Voilà un petit homme, capitaine sur sa dunette ou - mieux - proue de son navire qui affirme sans emphase mais non sans un évident plaisir sa présence au monde ; une présence infime mais porteuse de sens qui prête à sourire mais nous réconcilie avec la vie. On est bien peu de choses, mais ce peu n’est pas rien. 

 

Nous sommes petits, mesquins, pusillanimes, pleins de défaut et, pour tout dire, le plus souvent ridicules. Mais ramenés à leur juste échelle dans les dessins de Sempé nos travers perdent en importance et acquièrent une sorte de légèreté qui nous réconcilie avec nous-même et avec le monde.

 

Du coup, nous rions de nous, mais avec tendresse.

 

Et c’est un fait que rarement exposition a fait naître tant de sourires sur les lèvres des visiteurs et tant de connivences entre eux. Parfois un rire éclate, irrépressible, mais le plus souvent c’est une douce émotion amusée qui prime et que l’on partage.

 

C’est qu’il est émouvant le monde de Sempé, un monde à la fois absurde et léger, désuet et terriblement quotidien. Non pas le monde brutal et insensé dans lequel nous nous projetons, mais le monde dont nous aimons nous souvenir, où tout fait sens et parle de nous. Un monde dans lequel nous ne sommes presque rien mais auquel nous ne sommes pas étrangers.

 

Sacré Sempé ! L’air de rien et sous couvert de nous remettre malicieusement à notre place il démontre que nous ne faisons qu’un avec ce monde qui nous dépasse et dans lequel nous nous débattons. Il nous réconcilie non seulement avec ce que nous en avons fait : les immeubles, les ponts, les autobus... mais aussi avec la nature à laquelle nous nous découvrons liés plus qu’enchainés.

 

En nous faisant sourire et même rire, mais sans crainte, il ne nous rend pas moins tristes mais plus gais ; il ne gomme pas l’angoisse d’être là mais la rend supportable et, stricto sensu, souriante.

 

Sempé dessine le bonheur de nos destins anodins. Et ça fait du bien !

 

Dépêchez-vous d’en profiter !

 

 

Publié dans Expos

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