« Z’oreille land » ou la côte sous le vent.

Publié le par Entrefilets

Entre Saint Denis et Saint Louis s'étale la côte ouest dite côte sous le vent précisement parce que les vents dominants - les alizés - viennent de l'est. C'est là que se trouvent les plages de l'île et que vivent la majorité des habitants.

Cette partie de l'île nous a paru moins envoutante que l'intérieur, moins créole que les hauts et moins sauvage que la cote est mais elle n'est pas dénuée d'attraits.

 

Saint Paul

 

Première ville importante au sud de Saint Denis, la ville de Saint Paul est surtout connue pour son grand marché du vendredi et du samedi matin et pour son cimetière marin.

 

Le marché forain qui s’étale le long de la plage est le plus important et le plus coloré de l’île et c’est un plaisir de s’y promener ; une occasion aussi de comprendre que beaucoup de produits commercialisés à la Réunion viennent de Madagascar. « Mada » comme on dit ici.

 

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Mais, au risque de surprendre, nous avons préféré le petit marché de Saint Denis qui nous a paru plus vrai, moins touristique et aussi bien achalandé en produits locaux de consommation courante. C'est là que nous avons découvert le Ti'Jacques qui est un fruit lorsqu'il est vert et un légume lorsqu'il est mure, à moins que ce soit l'inverse !

Coupé en petit morceaux on en fait un excellent rhum arrangé.

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P1070110Le cimetière marin se trouve à la sortie de Saint Paul en allant vers Saint Gilles. Le lieu est beau et, au milieu des tombes fleuries, on découvre celle de Leconte de Lisle surmontée de son buste et, non loin de la sépulture édifiée à la mémoire des naufragés bretons du Ker Anna coulé en 1894, celle, plus surprenante, d’Olivier Le Vasseur dit La Buse, un pirate enterré sous une croix de basalte marquée d’une tête de mort au côté de son canon « le batailleur ». La Buse qui, avant d’être pendu, eut le temps de jeter dans la foule le plan de son trésor… que l’on cherche toujours !

 

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Historiquement, c’est à Saint Paul que les premiers français débarquèrent en 1638 (le mouillage était bon), c’est à Saint Paul qu’ils prirent possession des Mascareignes en 1663 et c’est Saint Paul qui fut la première capitale de l’île Bourbon comme on la nommait alors.

C’est là que s’installèrent les premiers colons : Louis Payen et 10 malgaches dont 3 femmes. Là que naquit le premier enfant de l’île :  Anne Mousse de parents qui furent selon certains – mais c’est peut-être un mythe – les premiers esclaves « marrons » de l’île.

 

Derrière Saint Paul, une route dite « le tour des Roches » permet de découvrir, entre marais et montagne, une végétation luxuriante. Le long de cette route qui conduit au moulin de la poudrière, bananiers, cocotiers, manguiers et bambous poussent en désordre ; assises au bord de la route, des comoriennes masquée de santal vous regardent passer sans s’arrêter de parler et, au détour du chemin, un temple tamoul austère et déserté mais bien entretenu invite à la méditation. La métropole est loin !


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Il est trop tard pour monter jusqu’au piton Maïdo ; il est déjà envahi par les nuages.

 

 

La plage de l'Hermitage

 

La plage de l’Hermitage ou Ermitage est une des belles plages de l’île.

Pas de cocotier ici, mais des arbres qui donnent une belle ombre, du sable clair et un petit lagon peu profond où il n’est pas question de nager vraiment mais qui attire les foules pour sa faune.

 

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Il faut admettre que des trois îles de l’archipel des Mascareignes, la Réunion est la moins propice à la baignade. Les Réunionnais vous le dirons ; si vous aimez nager, allez à l’île Maurice ou à l’île Rodrigues. L’Océan Indien, avec ses courants et ses requins, ne favorise pas la natation et il n’y a guère que sur la côte sous le vent que l’on trouve des lagons où l’on peut s’allonger dans l’eau sans prendre trop de risques.

 

Encore faut-il ne pas poser ses pieds n’importe où car il s’y trouve beaucoup d’oursins et des poissons pierres dont les treize épines dorsales sont empoisonnées…

Quand on a la chance de passer quelques jours dans une île sur laquelle il n’y a pas d’animaux dangereux, ce serait dommage de gâcher son séjour en se baignant déchaussé !

 

Mais il serait encore plus regrettable de ne pas s’équiper d’un masque et d’un tuba pour passer quelques heures à admirer les poissons multicolores qui peuplent le lagon. C’est un peu comme si l’on évoluait dans un aquarium, mais un aquarium marin rempli de poissons aux couleurs vives bien plus jolis que ceux que l’on peut élever chez soi dans de l’eau douce. Mieux encore, ils ne sont absolument pas farouches et vous laissent approcher presque à les toucher. Un vrai bonheur !

 

Attirés par les Hauts -  plus Créoles, moins Z’oreilles -, nous ne nous sommes pas attardés à Saint Gilles ou à Saint Leu. Mais nous nous sommes donnés le temps de visiter le Musée Villèle et Stella Matutina.

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Les musées de Villèle et Stella Matutin

 

P1070216La maison Villèle, qui fut édifiée par l’une des plus riches familles de l’île, la famille Panon-Desbassayns, date de 1788. Actuellement propriété du département, elle a été transformée en musée. C’est une maison de style « malabar » où vécut la célèbre Ombline Desbassayns, une femme d’affaire aussi dure qu’intelligente que sa famille surnommait « la seconde providence », mais dont la légende dit qu’elle fut fort cruelle avec ses 400 esclaves. Sa fortune était équivalente, nous a dit le guide, à celle de la famille Dassault aujourd’hui…

  

On visite la maison, fort bien meublée, où elle reçut toutes les personnes importantes qui passèrent à La Réunion de son vivant, ainsi que la cuisine et l’hôpital. On peut aussi aller voir, au-dessus, la Chapelle Pointue au toit… pointu.

 

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C’est une visite un peu dérangeante qui confronte le visiteur à l’esclavagisme. Car si la famille Desbassayns doit sa richesse à sa clairvoyance qui lui a permis, notamment, d’abandonner le café pour développer la canne à sucre et les fours à chaux au bon moment, elle la doit aussi à l’esclavagisme et une exploitation des hommes qui fait d’autant plus froid dans le dos qu’elle n’a cessé que très récemment. L’esclavage fut aboli en 1848 mais remplacé par l’engagisme qui ne vaut guère mieux et, si l’on en croit notre guide « l’ouverture des esprits », entendez la fin d’un certain « apartheid », date des années 80 : 1980 ! 

 

Le pire, c’est de constater que cinquante personnes ont pu se rendre maître de 400 esclaves et les traiter très durement sans qu’ils se rebellent, simplement en s’appuyant sur une organisation fondée sur la terreur et dans laquelle ce sont des esclaves qui surveillent les esclaves. Certes, comme le disait notre guide, ce n’est pas propre à l’île et on a vu ça ailleurs.Mais cela n'excuse rien.

 

Pas très loin de la maison de Villèle, le musée Stella Matutina, dans les Hauts de Saint Leu, nous confronte à la même réalité.


P1070276Ce musée, installé dans une ancienne usine sucrière, retrace l’histoire de l’île, de l’esclavagisme et de l’engagisme et se termine par une galerie de portraits d’ouvriers et d’employés de l’usine en grande partie réalisées par Yann Arthus-Bertrand qui exprime la fierté des travailleurs et trahit la dureté des conditions de travail.

On y comprend qu’en se substituant à l’esclavagisme, l’engagisme n’a pas vraiment amélioré le sort des travailleurs. Il a surtout renouvelé la main d’œuvre désormais engagée sur la base du volontariat et recrutée essentiellement en Inde, en Chine, en Indonésie, au Mozambique et à Madagascar.

 

 

Pour ces colons et jusque très récemment, la Réunion fut à l’évidence un paradis amer.

 

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Bref, si tout a bien changé et changé en bien, la Réunion témoigne encore de ce côté sombre de la colonisation bien oublié en métropole.

Nous, ça nous a impressionné.

 

Publié dans Voyages

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L
<br /> oui on en a marre des zoreil qui viénne juste pour se doré la pilule et qui sen foute de nos coutume. renioné fo nou monte que nous lé la sinon bonne zoreil sa comande a nous dans noute propre pays<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Je veux croire que de plus en plus de z'orelles ont compris que pour apprécier pleinement la Réunion et les réunionnais il faut faire plus que de se dorer la pilule en z'oreille land.<br /> <br /> <br /> En ce qui nous concerne, nous avons été séduit par l'accueil des réunionnais, leur gentillesse, le temps qu'ils nous ont consacré pour nous parler de leur pays et de leurs coutumes et aussi.. de<br /> leur humour à l'égard des métros ignorants de tout que nous étions.<br /> <br /> <br /> <br />